Finies les vacances ! c’est la reprise…

C’est le 1er jour, je traîne des sandales et je pèse trois tonnes. Devant l’écran rien n’y fait, j’ai la sensation d’avoir passé une nuit blanche.

La petite voix dans ma tête me rabroue : mais dis-donc, c’est fini ces caprices ? T’as un boulot intéressant, des collègues sympas, arrête de faire ton caliméro ect…Certains appellent cela « se raisonner », en réalité cela n’arrange rien, bien au contraire. D’ailleurs qui parlerait de cette façon à une amie pour l’encourager ?

Après 2 jours à lutter contre la fatigue et le brouillard mental, je prends le taureau par les cornes. Je m’assois au calme. Enfin, je prends le temps d’écouter cette part de moi qui pèse 3 tonnes, qui n’a pas bougée d’un iota. C’est mon ventre qui attire mon attention, j’ai la sensation d’avoir un ballon énorme dans le ventre, qui prend toute la place, et une part de moi est comme asphyxiée et cherche son air autour.

J’établis le contact avec cette part, comme en lui disant « bonjour, je te vois » ; la sensation se renforce. Je lui fais savoir que je vois à quel point elle se sent toute mal, écrasée par ce ballon, et comme c’est dur de trouver de l’air. Je prends vraiment conscience de sa « détresse », et lui fais savoir que c’est légitime de se sentir comme ça, que c’est ok. C’est touchant, je suis touchée.

Eckhart Tollé1 dit que rechercher la paix, c’est instaurer un nouveau conflit intérieur. Ce que je vis l’illustre parfaitement. Tant que je lutte pour aller bien, j’accentue ma souffrance, car je lutte contre la réalité. Dès que je reconnais ce qu’il se passe en moi et que je peux le voir avec empathie, les tensions disparaissent.

J’accueille ainsi les différentes parts qui se manifestent en moi, comme une série de poupées russes : une part est irritée par celle qui se sent asphyxiée et la juge faible. Elle finit par me montrer qu’elle s’inquiète que je ne sois pas à la hauteur dans mon travail. Je lui fais savoir que j’entends, que ce n’est pas étonnant qu’elle s’irrite et s’inquiète si elle pense que je peux perdre mon emploi. Dès qu’une nouvelle part se manifeste je l’accueille, comme une mère qui accueille sa ribambelle d’enfants en conflit et dit à chacun « je vois ce que tu ressens, c’est ok de ressentir cela » avec bienveillance.

Alors tous les enfants se sentent entendus, compris et se calment. Chacun a joué son rôle d’alerte : « travaille en accord avec tes valeurs », « attention à travailler correctement pour ne pas perdre ton travail » ou encore « voici ce que je souhaite que tu vives »… et curieusement, ces parts qui semblent antagonistes finissent par marcher ensemble dans la même direction, main dans la main. La cacophonie devient symphonie.

Cela m’a fait un bien fou.

Le lendemain j’étais joyeuse et efficace.

Et bien c’est cela le focusing2. Une thérapie « comportementale », qui permet d’améliorer la façon dont on se comporte avec soi-même, dont on se traite. Pour s’aimer mieux. C’est une façon d’être avec ce qui est là, pas de faire. Une croyance répandue est qu’il faut faire quelque chose pour aller mieux. Il n’y a souvent rien à faire, juste à reconnaître. Le focuseur ne travaille pas à partir du mental, mais à partir de ses sensations corporelles. Le thérapeute n’interprète rien, il vous guide à travers vos sensations : reconnaître ce qui est là, établir un lien, approfondir le contact. C’est un processus doux qui permet de faire de la clarté et de prendre confiance en soi.

Être présent à ce qui se passe en soi, permet de retrouver sa souveraineté intérieure, le pouvoir de choisir, plutôt que de laisser les rennes à l’inconscient, souvent guidé par la peur.

Bonne symphonie de rentrée à tous !

Lysanne Bour

Praticienne en focusing

J’interviens au dispensaire de Craponne pour le compte de l’association l’arbre de vie et des sens et à mon compte à l’espace médical Thomas 69 rue de Belfort à la Croix Rousse

 

1 écrivain et conférencier canadien, d’origine allemande, auteur du best-seller « le pouvoir du moment présent »

2 vous pouvez consulter le site Wikipédia qui décrit très bien la discipline